la toile à coeur

En Juillet, j'ai eu le plaisir de travailler avec un groupe de femmes, qui ont cousu et brodé des couvertures de lin pour un livre et des accessoires - chapeaux, sac.

Avec les mêmes personnes, en Septembre, j'ai imaginé un atelier un peu particulier: je leur ai demandé de "remplir" des petits sacs de toile (que j'avais préparés à l'avance) , non seulement avec de la ouatine, là rien de spécial, mais aussi, et surtout, avec des "choses" dont elles ne voulaient plus dans leur vie...elles devaient donc,tout en remplissant et en cousant la fermeture de chaque petit sac, se concentrer sur cet aspect dont c'était l'occasion symbolique de se débarrasser.

Ce jour-là ce fut un atelier calme, recueilli, chaque participante était très concentrée. Certains petits sacs ont un titre, beaucoup restent muets sur ce qu'ils renferment.
Ensuite ce fut à moi d'agir: j'ai réuni les sacs sur la traîne d'une "robe", juste reliés avec un cordon fragile; sur le devant du vêtement, j'ai brodé les prénoms des femmes qui ont participé, car maintenant elles vont de l'avant, dégagées et allégées...du moins je le souhaite!

Logiquement la robe sera détruite à la fin de l'exposition.

Tout cela était fait dans le cadre des Journées des Cultures Solidaires dont le point d'orgue était aujourd'hui, organisé dans toute la France par Cultures du Coeur.
La robe est exposée à la MJC Ronceray et il y avait là-bas beaucoup de monde et d'animation...

Une des participantes, Dominique, m'a offert ce petit cadeau porte-bonheur et ça m'a beaucoup touchée... merci Dominique, et merci à chacune pour votre enthousiasme lors des ateliers si enrichissants.

Comments

[clothogancho]

"Elle : Regarde-la dans son jupon, tu ne te souviens pas comme elle était enfant ? Regarde tous les points qu’elle a cousus dans le secret, tant de reprises et tant d’accrocs qu’elle a toujours soignés… Combien de fois s’est-elle piquée ? A-t-elle renoncé ? A-t-elle voulu dans le vestiaire changer pour une robe qui n’était pas la sienne, comme ces divas fragiles, ces Clytemnestre, dont tu écoutes les caprices ? Jamais elle n’abandonne, cent fois sur le métier…
Lui : Taratata ! Nous avons tous des déchirures.
Elle : Elle ne demande rien.
Lui : Bien sûr, elle nous ignore.
Elle : Ah c’est bien ça ! Tu veux qu’elle lève les yeux au ciel ! Il était dit que nous ne devions pas en tenir compte. Parce que toi, tu n’aurais d’yeux que pour tes adulateurs ? Et que fais-tu de ta magnanimité ? Allez, ne peux-tu pas lui accorder dans les plis de l’ourlet, un tout petit caillou qu’elle pourrait caresser ?"
in Les dieux à fables.M;Daumal.
Cette longue traîne m'émeut comme m'émeut votre blog, j'y trouve mon propre imaginaire... ce partage du rêve et des vieilles douleurs, c'est magnifique.

[Entrecieleterre]

Quelle bonne idée! Et le résultat est trés beau. Cela me fait penser à un costume de théâtre.

[alexandra]

Je n'ai pas de mot pour te dire à quel point je trouve cette idée géniale! Un vrai travail de thérapie, et en plus, au final,c'est une oeuvre d'art. J'espère que la presse relaiera l'évènement de la mise à mort !

[joyce]

j'ai lié avec un ruban virtuel
mon petit coussin à cette robe.
je me suis unie a vous les filles
je l'ai fait de toute mon âme.
je l'ai rempli de tout mon coeur,
de toutes la mélancolie qui l'habite
je l'ai cousu avec les fils de mon histoire
je l'ai noué avec les liens qui me sont offerts
mon sac s'appelle " ELLE fragile "

Merci Isabelle

[Ulla]

This is wonderful!
Ulla