objets inanimés?
Vous je sais pas, mais en ce qui me concerne je passe encore beaucoup plus de temps dans les livres que sur internet. Il est évident que ça ne remplacera jamais.
Ainsi, en décembre, en pleine recherche de livres à offrir, j'ai découvert celui-ci.
Il s'agit de "La conversation des objets". De Michel Biehn.
Michel Biehn, je connaissais un peu, c' est un passionné de textiles anciens et forcément, au détour d'autres livres sur le sujet, son nom m'était devenu familier C'est pour ça que je n'ai pas hésité une seconde à m'approprier ce bouquin-là.
Et ça a été une espèce de choc esthétique, ou artistique, je ne sais trop, comme ça m'arrive de temps en temps.
Mon scanner étant en panne, vous avez droit à des images photographiées.
On voyage avec lui autour du monde, il nous raconte son parcours, les rencontres, les histoires qui l'ont construit. Tout cela est lié à sa passion des objets, des tissus. Je me suis plongée dans son univers avec beaucoup de joie, c'est ce que j'ai toujours eu envie de lire.
On dit souvent que le matériel n'a pas d'importance, que ce qui compte est ailleurs; ce n'est pas faux bien sûr. Mais nous sommes tout de même dans un monde matériel, et il y a des êtres qui vivent une joie profonde et saine, presque sacrée je dirais, à ressentir le lien avec des objets, fabriqués ou non de la main de l'homme. Pour moi c'est exactement comme le plaisir de se nourrir, de cuisiner sainement, ou bien le plaisir qu'on éprouve à jardiner, à aimer les fleurs, les arbres...Il y a donc aussi ce bonheur de découvrir et de réunir ces objets, des "petits riens" souvent d'ailleurs, et de créer son univers avec, un univers très personnel forcément. Cela nourrit aussi, cela a à voir avec la créativité, l'enthousiasme de vivre.
"La conversation des objets" de Michel Biehn, photographies Bruno Suet. Aubanel.
Vivienne Westwood
La dame anglaise hautement provocatrice a aussi appris à construire de vrais vêtements.
Elle n'a jamais voulu faire du business avec sa mode, mais rester indépendante.
J'aime ça, quelle soit libre de créer ce qu'elle veut, comme elle veut. Ce que je montre ici n'est pas spécialement récent, je le tire d'un livre, "Vivienne Westwood" Claire Wilcox, V&A Publications.
les vieux souliers
Deux paires de souliers de femme, XVIIème siècle, Musée international de la chaussure, Romans.
soulier de femme, XVIIème siècle, Italie, Musée international de la chaussure, Romans.
chaussure de femme, XVIIIème, Angleterre, Musée international de la chaussure, Romans.
Pour le plaisir, quelques modèles sortis des pages de "l'Art de la chaussure", Marie-Josèphe Bossa.
transfiguration
vous souvenez-vous de ce livre de morale "destiné aux jeunes lecteurs"? j'avais déjà évoqué son contenu paternaliste, colonialiste, misogyne etc. Sa transformation continue.
Ses pages blanchies, lavées, se transforment silencieusement. Chiffons collés, dessins voilent les vieilles phrases désuètes.
Les enfants retrouvent leur parole, leur propre langage et expriment ce qu'ils ont à dire.
Bientôt -qui sait? les couleurs envahiront peut-être quelques feuillets...
les petits papiers
Depuis peu je me suis mise à aimer les vieux papiers presque autant que les vieux chiffons...il n'y a pas loin des uns aux autres diront certaines; en effet doucement je les marie, comme vous le verrez très bientôt, et pour le meilleur espérons-le.
curieux album
C'est un très vieil album de photos, dans lequel en restaient quelques-unes.
Je les ai gardées, et parmi elles ai ajouté des petites repros de mes tableaux.
C'est un mélange étrange, non terminé car beaucoup de pages sont encore désertes, ça ajoute au mystère...
contre leur peau - 2
Encore une exposition que j'ai ratée, heureusement qu'existent les catalogues, souvent d'excellente qualité.
Celui-ci nous fait découvrir les vêtements conservés au Palais de Topkapi.
Les caftans et autres pièces textiles ayant appartenu aux sultans ont été soigneusement rangés et gardés depuis le XVème siècle, date de la construction du Palais. En fait ils devenaient reliques à leur mort.
Entre autres merveilles, ce qui m'intéresse le plus, ce sont les vêtements talismaniques, qui, "par l'utilisation de citations coraniques et d'invocations pieuses, étaient censés garantir leurs utilisateurs contre diverses menaces: envoûtements, maladies, blessures, etc".
Ici, une chemise du XVIème siècle et une calotte du XVIIème.
Tout un cérémonial était mis en place, date et heure propices à la réalisation déterminées par la position des étoiles dans le ciel, prières, etc.
Toutes les couches sociales les utilisaient. Le Palais en a conservé une centaine.
"A la cour du Grand Turc", caftans du Palais de Topkapi, Musée du Louvre
contre leur peau
Un beau livre. De ceux qui me plaisent en tout cas!
C'est le catalogue d'une exposition qui eut lieu à Enghien-les Bains en 2006, présentant des costumes portés par de grandes stars du théâtre ou du cinéma italiens au siècle dernier.
Textes, anecdotes, photographies, dessins nous font aborder les costumes de façon originale et sensible.
"Chaque vêtement emprisonne des traces de souvenirs qui, lus ou narrés, nous évoquent des moments vécus".
(Maurizio Galante, créateur des costumes).
manteau de velours de soie violet appliqué de broderies, pour Eléonora Duse, 1910
robe en tissage de coton à grosse trame, pèlerine décorée de palourdes dorées, pour Silvana Mangano, 1967, Edipo Re.
étiquettes et intérieurs, pour Claudia Cardinale, Alida Valli
robe en organdi pour Claudia Cardinale dans Il Gattopardo, en 1962
"Ame de diva", Maurizio Galante raconté par Bonizza Giordani Aragno, Centre des Arts d'Enghien-les Bains.
la vie des oiseaux
Mes oiseaux ont leur propre vie.
Dès qu'ils s'envolent ils vivent leurs aventures, comme par exemple la Bergeronnette rose et le Passereau bleu au cristal que voici, rigolottement immortalisés dans ce très beau reportage vu sur "Maisons à vivre campagne" qui vient de sortir.
La belle maison, c'est celle de mes amies Joëlle et Laurence, dont je ne vous dis pas plus (le reste est dans le magazine).
Les oiseaux qui regardent par la fenêtre - le rose et le bleu - je les avais fabriqués à l'époque de la boutique, ce sont les ancêtres du merle noir et cie.
Alors, c'est pas des stars mes oiseaux?
la belle et la bête
Je viens de dévorer "La belle et la bête, journal d'un film" de Jean Cocteau.
Quel artiste.
Il a tourné ce chef-d'oeuvre en 1945-46, dans des conditions qu'on n'imagine pas: sans arrêt malade, voire très malade - il a dû interrompre son travail par plusieurs jours d'hôpital - ainsi que ses acteurs d'ailleurs, il a sublimé d'un bout à l'autre ses souffrances, porté par le film... "Et maintenant, il faut que je dise la vérité. Je n'ai jamais été aussi heureux que depuis que je suis malade. Ma souffrance ne compte pas. (...) L'obligation où j'étais de donner l'exemple et de tenir debout m'exaltait presque. J'offrais ma croix au film et je suis certain qu'il s'y est passé quelque-chose."
Le matériel dont il disposait, l'état de ce matériel, laisse rêveur aujourd'hui. Non pas qu'il recherchait ce genre de difficultés, mais il appréciait l'économie d' effets de caméra, qui à l'époque étaient à la mode. Il travaillait énormément la lumière et rêvait de faire de la couleur, qui apparaissait seulement en Amérique.
La maison de Belle se situe en Touraine. Jeux de patience pour tourner les extérieurs entre les nuages, les éclaircies, les avions qui font des loopings au mauvais moment et saccagent la prise de son.
Christian Bérard est le décorateur et costumier. " L'élégance de ses costumes,leur force, leur simplicité somptueuse jouent au même titre que les paroles. Ils décident le moindre geste sans rien de décoratif et donnent l'aisance aux artistes. L'arrivée de Belle, dans la lessive au milieu des poules noires, en grande robe bleu de ciel était un miracle. (...) Dès qu'ils sont habillés, maquillés, perruqués et rôdent dans le jardin, la ferme, les bâtisses, les fenêtres, les portes, prennent leur sens véritable. En costumes modernes nous avons tous l'air d'intrus, de fantômes ridicules."
Cocteau appelait Jean Marais "Jeannot".
"Voir travailler Christian Bérard est un spectacle extraordinaire. Chez Paquin, parmi les tulles et les plumes d'autruche, barbouillé de fusain, couvert de sueur et de taches, la barbe en feu, la chemise qui sort, il imprime au luxe le sens le plus grave. (...) Hommes et femmes qui sortent de ses mains ont l'air de vivre en un certain lieu, à une certaine date, et non pas de se rendre au bal masqué."
J'étais très jeune lorsque j'ai vu ce film pour la première fois. Les décors m'ont marquée à vie! La chambre de Belle, la salle du château et la table...le linge étendu dans le jardin...rien de ce que j'ai pu voir après n'a effacé ces images puissantes. Sans doute parce qu'ils les ont réalisés avec les moyens du bord, et éclairés d'une façon éblouissante. Peut-être aussi parce que Cocteau, en grand alchimiste, a transformé sa poésie en film.
Jean Cocteau "La Belle et la Bête" ed. du Rocher
images: "La Belle et la Bête" par Henri Alekan, ed. du Collectionneur