Le Curieux Petit Lieu

Coup de foudre pour ce miroir à trois faces, amusant à photographier lorsqu'on ne veut pas laisser capturer son image.

Comme d'hab il n'est pas seulement ancien, mais aussi fêlé, taché, abimé. Toujours cet amour des choses fanées.

Il n'a pas rejoint l'accrochage glauque et piqueté de ses confrères dans l'entrée mais la salle de bains, ce qui est original à la maison! car je n'aime pas spécialement les miroirs pour...m'y mirer ( preuve en est l' état de délabrement un peu répulsif de leur surface réfléchissante ) mais pour la profondeur énigmatique qu'ils suggèrent et le monde dont ils semblent voiler l'entrée, et dont je ne désespère pas de découvrir un jour la clef.

Je reparlerai bientôt d'eux.

Ne pas se fier aux apparences...elles ont peut-être l'air d'être figées, amalgamées, entassées, encastrées pour longtemps...fermées sur un contenu mystérieux.

En fait je les utilise tous les jours.

J'ai besoin d'un morceau de lin teint, dans quelle valise est-ce, déjà? déplacer chacune, refaire la pile à l'envers à côté, trouver, la laisser ouverte le temps de la sélection puis refermer et reconstruire l'amoncellement correctement, c-a-d de telle façon que ça ne gêne pas l'ouverture de la fenêtre derrière...ça serait plus simple de mettre mon matos dans des rangements plus fonctionnels;  plus simple, plus pratique, plus rapide, etc.

Sûrement. Mais ce ne sont pas mes priorités, qui sont plutôt: fouiller, tomber sur quelque chose d'oublié, de mieux peut-être, égarer un truc pour le retrouver dans un sentiment de soulagement, rêver, être inspirée par les imprimés du papier qui tapisse l'intérieur des boites et des valises...etc.

C'est pas ce qu'on apprend aux jeunes filles, et j'ai mis des années et des années ( de culpabilités, incompréhensions, malentendus, déprimes, découragements et j'en passe) à retrouver toutes ces impérieuses nécessités au fond de moi, pour atteindre enfin ma productivité maximale, refoulée par l'éducation...

Je sais, elles sont connues comme le loup blanc, mais j'aime tellement ces photos, en plus je viens de me dégotter le livre, alors je ne résiste pas au plaisir de vous en choisir, juste trois d'entre elles.

Julia Margaret Cameron fut une grande artiste, qui s'est appropriée la photographie dès les années 1860, et a saisi tout ce qui bougeait gracieusement autour d'elle...Elle a su être audacieuse, sans influence extérieure, et ça donne des images qu'elle aurait tout aussi bien  pu réaliser la semaine dernière tant elles sont intemporelles. Mais ça, je pense qu'elle ne l'a pas imaginé.

"Annie"   1864

"la nymphe des montagnes" douce liberté 1866

"Julia Jackson" avril 1867

Hier après-midi, un rayon de soleil a percé les nuages, quelques heures avant le crépuscule; un peu comme aujourd'hui, mais en plus lumineux. J'ai trouvé alors une nouvelle inspiration pour la boite en cours, dans ces coloris subtils que j'aime - aussi - et qui impérativement exigent  la lumière naturelle pour être travaillés.

Gris bleuté très pâle, argent, blanc sali, doré fané...voilà un coffret  tout poudré

En ce moment, choses minuscules et petits restes prennent place dans d'anciens coffrets pour devenir des boites à trésor.

On les ouvre, on les ferme, comme on veut. Ils racontent des histoires, comme on veut aussi.

Dans la plus pure tradition "Curieux petit lieu", une balade au fond des tiroirs, plus exactement des valises; celle-ci, pleine à ras bords de très vieux oripeaux - j'ai un doute: avec ou sans le "e"? vérification faite, je le laisse, ayant au passage appris dans le Larousse que ce mot signifie, entre autres, vieux vêtements multicolores, ce qui ne correspond pas exactement au contenu que je vous fais découvrir, c'est plutôt du ton sur ton, mais tant pis, je conserve le mot, il me plaît! - oripeaux donc que je me suis amusée à éplucher un à un, ou en groupes ( je l'avoue car il y en a pas mal!) ayant soin à chaque fois d'immortaliser la couche de dessous.

Et voici notre nouvel atelier, ma partie en tout cas, telle qu'elle était samedi, jour de notre inauguration; beaucoup de monde, étonnés, épatés...et inquiets pour nous car l'isolation est inexistante, et le chauffage sommaire...

Mais j'aime faire quelques kilomètres de route de campagne pour y aller, j'aime quand on se réunit autour d'un café ou d'un thé, et l'idée que tout est possible ici...

Et voilà, Yvr'Art c'est remballé, un beau week-end...

J'avais deux petites pièces, et dans l'une d'elles j'ai inventé un grenier.

J'aime plus que tout réaliser ce genre d'installation. C'est une mise en scène qui plonge le spectateur dans une ambiance particulière, où objets, tableaux, textiles participent tous à exprimer une atmosphère spéciale. Sans compter le lieu et sa lumière. Je ne peux me contenter d'accrocher les toiles aux cimaises sur des murs blancs, ça c'est certain!

Et d'après les réactions durant tout le WE, ça fonctionne!

C'est un très vieil album de photos, dans lequel en restaient quelques-unes.

Je les ai gardées, et parmi elles ai ajouté des petites repros de mes tableaux.

C'est un mélange étrange, non terminé car beaucoup de pages sont encore désertes,  ça ajoute au mystère...

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Et voici deux compositions, ça a été plus fort que moi, c'est venu tout seul en passant devant, je n'ai pas résisté; un fond de velours passé pour le squelette d'oursin et les fleurs de tissu amidonné, des clés rouillées sur la broderie chinoise...quel plaisir! du coup c'est comme une porte réouverte soudainement - et en grand - l'envie de me replonger les yeux grands ouverts dans le raffinement de l'ancien dont je me suis entourée, les belles choses délicates qui ne demandent qu'à se marier entre elles, les découvertes magiques dans les boites entassées...

Durera, durera pas? je souhaite en tout cas réussir, cet hiver, à concilier toutes mes activités et en rajouter un peu, selon les projets en cours d'évolution...dormir quelques heures de moins, peut-être?