Ce qui est pour moi un des plus grands plaisirs de création:
choisir, préparer, assembler ces fragments qui au final
évoquent souvent les reliquats de somptuosités passées;
devenus haillons, loques, résidus informes mais évocateurs
(du moins à mon avis...), je les distille dans ma maison,
les accroche ici et là, et ils me font rêver, au hasard
d'un passage en hâte, d'un regard affairé...
j'en ai cousus aux décolletés de mes robes de parade,
et c'est souvent leur seul ornement, dont je doute
qu'il soit compris par d'autres que moi...certains de mes
vêtements de chaque jour en sont dotés, mais exigent

beaucoup de vigilance, d'entretien soigneux - c'est fragile!

J'ai eu envie de broder de la gaieté à cette jeune mélancolique;
sur fond de tapisserie ancienne, à l'envers, ( les couleurs
sont plus vives) ruban, pistils de fleurs, perles lui fabriquent

un jardin d'été...c'est un peu flou mais comme c'est petit,

mon appareil photo n'arrive pas à dépasser certaines limites...

Cela vous rappelle peut-être quelque-chose?
Lorsque j'exposais ce tableau et ses petits frères,
j'entendais souvent les femmes dire " je peux le faire,
j'ai tout ce qu'il faut à la maison !"...ça m'énervait
un peu à l'époque, d'autant plus que je ne vendais
quasiment rien...alors je suis allée à la rédaction
de "Marie-Claire Idées", et elles ont fait de belles photos,
et on a donné des conseils pour les réaliser, du coup,
par la suite, je les ai tous vendus, sauf celui-ci que
j'ai offert à ma maman; et surtout, je pense qu'ils

ont inspiré plein d'autres tableaux
mais là j'étais d'accord! vous en avez peut-être réalisé?

La petite fille au cerceau est vraiment craquante...

photo Edouard Chauvin, Marie-Claire Idées mars 2000

Un tableau de l'époque où je ne faisais que du "blanc",
c'est-à-dire que j'utilisais du lin uniquement, ainsi que
quelques autres textiles, anciens et...blancs;
ici, des pétales d'organdi et un morceau de dentelle de lin,
des rapiéçages sur lin.

Il fait partie de mes tableaux inspirés par les touaregs;
leur façon de nouer, lier les paquetages sur le dos
des dromadaires, l'aspect que prennent peu à peu
les objets de leur quotidien austère ont directement
provoqué cette création; cuir, corde, toiles indigo,
petits objets métalliques, perles bleues... tout cela
travaillé au gros fil de lin ciré.
Bien sûr j'aime les matières arachnéennes, délicates;
les matières plus masculines, "de grand-père" comme
je les appelle, m'attirent beaucoup aussi: gros velours,
toiles de coton solides dans des coloris anthracite,
bordeaux, kaki, marron foncé...c'est rustique et raffiné...

Dernier reliquaire; celui-ci est assez étrange,
je le reconnais, avec plumes  ( à l'arrière),
parure de perles en franges anciennes,
cornes en raphia et gri-gris cousus.
quand on l'ouvre c'est tout aussi bizarre,
la vitrine renferme un scarabée,
une clé minuscule, etc ( vous connaissez
maintenant le genre du Curieux petit lieu)...

quand j'ai fait des tableaux inspirés par le Tibet, ça a donné ça...du doré, du rouge, des laines, des pompons, des breloques; c'est simple, dès que je vois des images de temples tibétains, ça me donne envie de coudre, leur façon de pendre des bannières et des chiffons partout, les chiffons de prière, accrochés au vent, c'est vraiment...évident! et beau, en plus...

le reliquaire violet, c'est rose sur la photo mais en fait il est violet, est cousu de bricolages du style agrafe, crochet, panneau de consolidation en carton (au dos...), porte en lin "fortifié", bref les choses que j'aime coudre...et dans le petit placard il y a une minuscule plume que j'ai trouvée un jour coincée dans...la queue d'un ananas qui venait, comme tous les ananas, de très loin! la plume d'un oiseau des tropiques...ça, ça m'emporte! ; il y a aussi, dedans, un coquillage étrange et très vieux, très petit, très ocre.

spécimen en lin peint d'un oiseau qui n'existe pas, dictionnaire des Oiseaux d'Europe à l'appui, la Bergeronnette Huppée Verte est pour aujourd'hui l'emblème du Printemps Venu au Curieux Petit Lieu, foi de Polline!

j'aime encore plus, bien sûr,

les fabriquer que les porter...

et celle-là je la porte souvent.