pardon si vous êtes impatients de savoir la suite  des aventures de Mitha, mais pour le moment elle marche, marche, marche... rien d'autre ne lui arrive que l'intérieure transformation provoquée par la réflexion et l'introspection du randonneur solitaire, et ça vaut peut-être toutes les aventures du monde...

Le chemin débouchait dans une étroite clairière, et Mitha, marchant dans l'herbe, sentit craquer sous son pied; elle avait cassé un rameau sec de chêne qui était posé là. Elle le ramassa : il y avait aussi, noué au rameau  avec un morceau de dentelle, une clé rouillée...un peu perplexe Mitha se demanda une seconde ce que cette clé pouvait bien ouvrir...et la rangea dans son sac, avec le coquillage. Elle ne trouva pas l'endroit où reprenait son sentier, alors elle s'engagea à travers les arbres et les buissons, au hasard.

Ce chemin longeait l'étang, le soleil se levait, Mitha eut envie de se baigner...elle se déshabilla, entra dans l'eau et se mit à nager; après quelques brasses elle remarqua une silhouette au fond de l'eau, qui se rapprochait d'elle! c'était une sirène...celle-ci regarda Mitha au fond des yeux et lui tendit quelque-chose. Mitha le saisit et la sirène, d'un coup de queue énergique, fit demi-tour et disparut.
De retour sur la berge Mitha découvrit dans sa main un coquillage clos, et ne réussit pas à l'ouvrir.Quand elle le secouait, quelque-chose bougeait à l'intérieur! Alors qu'elle le posait sur une pierre et en prenait une autre pour taper dessus...elle s'aperçut que les deux parties du coquillage étaient soudées avec une substance dorée, brillante...comme de l'or. Du coup elle n'osa plus le casser. Elle le glissa dans son baluchon et repartit.
Mitha se mit à réfléchir aux événements qu'elle vivait depuis son départ. Elle commençait à trouver cela intéressant... même si c'était plutôt étrange.

Après avoir dormi dans les fougères et avalé quelques mûres-c'était la fin du mois d'août- Mitha se remit en route.
Elle arriva dans une belle vallée, inondée par la lumière du soleil qui se levait, et au creux de laquelle il y avait un étang calme;un merle se posa sur son épaule. Elle fut à peine surprise, tant elle avait le sentiment d'entrer au fil de ses pas dans un monde différent de celui qu'elle connaissait. Le merle se mit à siffler très doucement quelque-chose à son oreille, une longue phrase semblait-il, qu'il répéta car Mitha n'avait pas compris.-merle tu me parles? mais je ne saisis pas ton langage! Une troisième fois l'oiseau murmura, puis il s'envola, se posa sur une branche et se mit à siffler comme tous les merles font au lever du soleil. Mitha était très embêtée de n'avoir pas compris son message. Elle reprit son chemin.

elle pensa d'abord qu'elle avait tourné en rond; dans sa colère elle donna des coups de pieds à une pauvre souche qui se trouvait là, et se fit très mal aux orteils, qui étaient déjà endoloris par sa longue marche. Elle se jugeait ridicule, idiote, ingrate, etc. La détermination dont elle avait fait preuve le matin même avait totalement disparu...et puis elle remarqua la première chose étrange: quand elle portait ses yeux sur la forêt, entre la colline sur laquelle elle était perchée et le château, elle voyait très nettement la distance parcourue, c'est-à-dire que l'étendue d'arbres s'allongeait interminablement; mais si elle cherchait le château du regard, il était là, à la place de la forêt, comme si celle-ci avait soudain rétréci...sa colère alors fondit, car la curiosité réchauffait le coeur de Mitha.

La princesse, qui avait pour nom Mitha, marcha des heures.La fatigue prit sournoisement son corps, mais elle continua sans y prêter attention. Elle se mit peu à peu à penser au château et à ce qu'elle avait laissé derrière elle; elle se demandait si ça avait vraiment été intelligent de s'enfuir ainsi; les regrets et la colère contre elle-même s'insinuaient dans son esprit. Mitha commença sans s'en rendre compte à chercher une bonne raison de faire demi-tour; alors que son sentier longeait la base d'une colline plantée de bouleaux elle décida de monter à son sommet afin de découvrir le paysage; lorsqu'elle fut tout en haut, elle se retourna et vit le château qu'elle avait laissé le matin même...il était là, tout près, comme si elle l'avait quitté quelques minutes auparavant!

Il était une fois une fille, genre princesse, qui décida de faire son baluchon, son château de naissance ne la satisfaisant plus.Les murs, très épais, n'empêchaient pas l'humidité et les pensées néfastes d'entrer, et malgré le grand nombre de pièces disponibles elle ne trouvait pas sa place. Comme elle avait peu de choses ce fut rapide.Elle enfila un pardessus convenant à toutes les situations et prit le chemin de la forêt. L'inconnu l'attendait, mais elle était un peu aventurière, alors elle n'avait pas tellement peur.
Elle se mit à marcher d'un bon pas sur la mousse et les feuilles mortes, choisissant, selon son coeur ou les parfums qui montaient du sol, les chemins et les sentiers au fur et à mesure qu'ils se présentaient à elle.

Shéhérazade, sa soeur et le roi...dans un livre que j'ai reçu enfant, "Les mille et une nuits", illustré par G. Tenggren; couleurs, personnages, paysages, m'ont fascinée dès le premier regard!

Aladin, sa mère et le génie!

Hassib et la Reine des Serpents...la beauté, l'étrangeté de ces images se sont marquées définitivement dans mon imaginaire