costume n°1
Il est terminé, ce costume sur lequel j'ai travaillé tous ces derniers jours et qui doit être exposé à l'Espace Gambetta dès aujourd'hui et jusqu'à fin janvier.
Je ne trouvais pas LE tissu noir que je voulais, alors j'ai opté pour ...le sac poubelle, traité à ma façon, c'est-à-dire froncé de coutures parallèles sur toute la surface (15 sacs de 100 litres). J'y ai cassé bon nombre d'aiguilles machine mais ça m'a permis d'obtenir la matière que je désirais, à la fois très légère et volumineuse.
Le patron du manteau est inspiré de la forme "à la française" du XVIIIème siècle, petit buste remontant dans le dos. Et j'ai couronné le tout d'un col en crin synthétique mis en forme avec du fil de fer cousu machine, pauvres aiguilles là aussi...
Le petit buste est en "couture folle", un assemblage de fragments de soies, dentelles, beaux bouts de rien qui attendaient, morceaux anciens reteints...; les manches sont en mousseline de soie et...en bas polyamide opaques récupérés et coupés. Devant, ça s'ouvre avec une fermeture éclair séparable en plastique.
Ce costume allie tout ce que j'aime: matériaux à la fois luxueux et quotidiens, liberté de mise en oeuvre ( pas d'ourlets, finitions brutes), mélange d'ancien et contemporain, mais il est tout-à-fait portable - taille 40!
Mon truc c'est les haillons, les ruines de robes qui furent belles, c'est Peau d'Ane. Une robe pour moi ne doit pas être parfaite, elle doit avoir au moins un quelque-chose de brisé, de raté, d'imparfait. C'est peut-être, et ça me vient en l'écrivant, pour cela que j'aime autant les costumes anciens. Ils furent voulus parfaits mais ils sont anciens, et cela leur octroie l'imperfection, l'humilité qui les rend tolérables!
les vêtements finalement c'est comme les humains...