Et dans la pénombre de la forêt silencieuse, l'hippocampe parle à Mitha! "tu as assez erré pauvre Mitha...le temps est venu de t'expliquer quelque-chose: ce que tu penses crée ta vie." Et avant même qu'elle ait eu le temps de répondre, il disparait comme dissout dans l'air, avec un petit bruit mouillé.

"ce que je pense crée ma vie? ce serait si simple?"  Mitha est perplexe. Les circonstances font pourtant qu'elle est toute disposée à ne pas douter des paroles qu'elle vient d'entendre. Elle va essayer tout de suite.  Et puisque, depuis des jours et des jours, elle marche désespérément pour trouver sa place dans ce monde, elle  décide de penser que maintenant, déjà, elle est à sa place...elle y croit très fort...

Aussitôt un sentiment de bonheur l'envahit. Elle se sent si bien ! Le ciel  s'éclaircit  soudain, une nuée d'oiseaux passe soudain, juste au-dessus d'elle, en lançant de grands cris joyeux!

Et voici qu' à la lisière des bois j'ai perçu un mouvement...juste le temps d'appuyer sur le déclencheur...elles sont si vives! l'image est floue, mais c'est une fée.

Si chacune de nos pensées est tournée vers la douceur, la paix, le bonheur ou le mieux, pour nous-même et pour les autres, tous les autres et le monde et ce qui le compose, alors nous pouvons poser sur notre tête une couronne, qui aussitôt y ajustera sa taille; et si ça ne s'ajuste pas tout-à fait, ce n'est pas grave, un jour on pensera si merveilleusement, que la couronne sera parfaite!

Elle se réveille brusquement. La nuit est proche.
Mitha décide de se faire un feu de bois pour se réchauffer. Tandis qu'elle réfléchit à tout ce qui lui est arrivé, elle constate que son coquillage, celui que la sirène lui a donné et qui est posé là, change: l'or qui le scelle est en train de fondre! des gouttelettes d'or tombent sur la mousse tandis que, peu à peu, le coquillage s'ouvre... un léger nuage de vapeur s'en échappe, et prend la forme d'un hippocampe! Mitha, qui n'en a jamais vu ( il n'y avait ni la télé, ni internet au château) trouve que c'est une curieuse bestiole...

par des nuits de belle lune claire et ronde,on peut observer, si on a le coeur éveillé et attentif, des êtres légers entre les herbes; ils s'occupent discrètement à des choses comme prendre soin des bourgeons naissants, vérifier le nombre des pétales des ancolies...ils vont bientôt avoir beaucoup de travail, mais ça ne les empêche pas de s'amuser follement avec les gouttes de rosée, de faire les acrobates au milieu des rameaux, de surveiller amoureusement les oeufs dans les nids...je parle de pleine lune parce que c'est plus aisé de les distinguer à ce moment-là, mais bien sûr ils n'arrêtent jamais...
(illustrations A. Rackham)

quand j'ai vu ce petit banc-là, j'ai su qu'il serait pour moi; ce que j'aime, ce sont les pièces "cousues" en bois...le miroir symbolise pour moi la vie, qui reflète très souvent ce qu'on a au fond de soi...

Mitha vérifie que personne ne l'a suivie, et s'assied sur une souche; elle n'a plus envie d'avancer, elle est déçue, triste, elle ne comprend pas du tout ce qui lui est arrivé!
Ici les chênes succèdent aux chênes, la ramure est épaisse, créant un sous-bois obscur; ça et là un rayon de lumière touche le sol couvert de mousse. Des petites fleurs bleues poussent partout. Mitha s'allonge et s'endort.
Elle rêve: elle déambule dans son château, le long de couloirs de pierre. Elle veut aller au grenier chercher quelque-chose...mais ne trouve pas d'escalier; nulle part elle ne peut monter, elle erre parmi des couloirs sans fin...soudain elle découvre une échelle posée contre le mur, elle commence à la gravir...mais l'échelle bascule et tombe, tombe...

Le lendemain matin, on réveille Mitha...tôt, très tôt; on lui dit
que tout est prêt: on lui a trouvé un bon mari, une maison convenable
qu'elle pourra entretenir tandis que son homme ira garder
le troupeau au pré, comme il est correct de faire, bref, on lui annonce qu'elle va
être enfin heureuse!... éberluée, Mitha refuse; explique qu'elle souhaite simplement se reposer et réfléchir, seule; mais elle se rend vite compte que ça ne convient pas du tout aux villageois, ils ne sont pas contents qu'elle résiste et, alors qu'elle refuse encore, ils deviennent menaçants...Mitha attrape sa besace et s'enfuit vers la forêt. Jusqu'à la lisière certains la suivent, ils lui lancent même des cailloux!  Mais Mitha vient de comprendre que son aventure ne se termine pas ici ni de cette façon, alors elle court, elle a des ailes comme on dit, et elle retrouve la forêt avec soulagement, essoufflée...et seule.

curieux, vraiment curieux...je viens de descendre dans le jardin,
et il y avait cela, accroché dans le lierre! comme le vent soufflait un peu,
ça s'est envolé, est tombé dans l'herbe...j'ai eu le temps de photographier,
ça a pris à nouveau son envol, et a disparu derrière le mur; curieux...

et voici que notre voyageuse arrive dans une petite vallée...un chemin la mène à un pont sur un ruisseau, un village est construit un peu plus loin, entouré de cultures et de prés occupés par des troupeaux et leurs bergers; Mitha est contente de voir un lieu habité! lorsqu'elle entre sur la place, on la regarde, on l'entoure peu à peu...elle sourit timidement et les regards se font accueillants. Très vite elle est invitée dans une habitation, on lui offre à boire, à manger, on s'assied avec elle, elle raconte son histoire. Les habitants du village voient très peu de voyageurs, ils sont heureux aussi. Ils lui disent: "quelle chance que tu soies arrivée chez nous! tu vas rester, tu verras, tu seras bien, c'est le paradis".
Une vie pastorale...pourquoi pas? Mitha a très envie d'accepter, et une belle fête a lieu le soir même, pour célébrer ces choses formidables.