"Ici les orangers, plus hauts, plus espacés qu'à Blidah, descendaient jusqu'à la route,dont le jardin n'était séparé que par une haie vive et un fossé. Tout de suite après, c'était la mer, l'immense mer bleue...Quelles bonnes heures j'ai passées dans ce jardin! Au-dessus de ma tête, les orangers en fleurs et en fruits brûlaient leurs parfums d'essences. De temps en temps, une orange mûre, détachée tout à coup, tombait près de moi comme alourdie de chaleur, avec un bruit mat, sans écho, sur la terre pleine. Je n'avais qu'à allonger la main. C'étaient des fruits superbes, d'un rouge pourpre à l'intérieur. Ils me paraissaient exquis, et puis l'horizon était si beau! Entre les feuilles, la mer mettait des espaces bleus éblouissants comme des morceaux de verre brisés qui miroitaient dans la brume de l'air. Avec cela le mouvement du flot agitant l'atmosphère à de grandes distances, ce murmure cadencé qui vous berce comme dans une barque invisible, la chaleur, l'odeur des oranges...Ah! qu'on était bien pour dormir dans le jardin de Barbicaglia!"

j'ai lu dimanche ce texte d'Alphonse Daudet (dans les Lettres de mon moulin,"Les oranges"),plongeant avec délice dans cette atmosphère chaude et parfumée, douce, insouciante...levant les yeux, je vois ce chromo, qui est accroché là, devant moi...j'y ai trouvé une correspondance que je vous soumets, tout en étant fort consciente que j'ai, tout simplement peut-être, cruellement besoin de changer d'air,d'un peu de vacances, et que ceci explique cela!

des aquarelles de Margaret Tarrant,
une Anglaise née à la fin du 19e siècle, me plaisent depuis toujours,
les fées, les enfants, la campagne...c'était son monde,
j'aimerais que ce soit le mien,
entre autres,

et je ne m'en lasse pas!

l'armoire, c'est peut-être celle de ma grand-mère, elle était dans la "chambre des filles" où nous devions ma soeur et moi faire la sieste, en vacances d'été. Nous ne dormions pas...délicatement nous ouvrions les grandes portes, dans la demi-pénombre derrière les volets...il y avait des boites, de toutes sortes, avec des rubans, des bouts de tissus, un voile de mariée plié, des piles et des tas de choses pour la couture...on n'osait pas trop fouiller dans tout ça...je crois bien que j'ai recréé l'armoire! toute ma maison est une grande armoire!
Aujourd'hui, j'ai fouillé dans l'armoire, j'ai trouvé ça; j'adore les images qui mêlent broderie et peinture, en plus
il y a des oiseaux...j'ai encore quelques bricoles de la sorte...je vous les montrerai plus tard, quand j'irai à nouveau fouiller dans l'armoire...

c'est l'adorable dernier objet qui vient d'entrer à la maison...il s'appelle "Monsieur Crapaud"...j'adore sa forme, et son tissu !! un coup de foudre, rien ne peut autrement justifier son arrivée, vu que je n'ai aucunement besoin d'un fauteuil sur lequel on ne peut pas s'assoir ( tellement abimé, pour ça, il attendra que j'aie les moyens de le confier à un tapissier )...pour le reste, il a besoin de raccommodages, et alors là, Monsieur Crapaud, rouge de confusion, vous dit "à bientôt", car je m'en occupe!

il fait très chaud.Tandis que les adultes n'en finissent pas de prendre le dessert dans la salle à manger trop étroite, les enfants se glissent dehors et trainent dans l'allée du jardin; ils arrivent tout au bout en discutant sans enthousiasme de la façon dont ils vont occuper l'après-midi déjà bien entamé...ils s'assoient dans l'herbe, sous le tilleul, restent un peu; puis ils décident de franchir la petite barrière dans l'intention d'aller jusqu'au ruisseau. Les appels de leur mère mettent fin au projet; en remontant, la petite  cueille quelques tiges de graminées. Il est temps de boire un verre de limonade, faire les adieux, rentrer à la maison.

Ces "chromos" étaient autrefois accrochés dans les chambres d'enfants pour qu'ils se souviennent que leur ange gardien était à leurs côtés en permanence, qu'ils étaient protégés; celui-ci est au mur de ma chambre depuis des années...

c'est pour moi toujours émouvant d'ouvrir et tourner les pages de ces livres...

Parmi mon tas de trésors, j'ai choisi aujourd'hui de vous montrer deux albums de photos de la fin du 19e siècle (peut-être début 20e) complets, il n'y manque aucune image, images vraisemblablement réalisées par des parents passionnés par leurs enfants...et par leur appareil photographique. On y voit les bambins grandir, entourés de la nounou et de tout une collection de matériel plus ou moins adaptée aux bébés!

un livre de photos où les bébés sont immortalisés, en extérieur, dans des situations variées, avec parfois un certain humour

il parait qu'on attachait ainsi les bébés dans des sacs à bretelles lorsqu'on était au jardin ou aux champs...ils y étaient en sécurité et... visibles d'un coup d'oeil