un lundi à côté
Une journée en retrait...
Tirer les rideaux de velours bleu en laissant juste un filet de lumière, et changer le décor extérieur: maintenant la campagne verdoyante et calme s'étend à l'infini, les tourterelles roucoulent doucement, les merles sifflent, le soleil radieux émerge tandis qu'un grand jardin de roses répand ses parfums. Je marche dans l'herbe, il fait si doux.
Ou bien une autre époque, un autre lieu... je choisis, je pars à la découverte de mes pays intérieurs, j'explore les profondeurs de mon imagination, je n'ai qu'à ouvrir une porte dans mon cerveau, une que je connais ou au contraire qui m'est nouvelle, ensuite l'aventure commence, décors et paysages, sensations et ressentis...mon esprit vagabonde sur les propositions de mon imaginaire et se nourrit, s'abreuve de ces expériences qui m'emportent si loin!
Ou bien je déambule tranquillement dans l'appartement, à rêvasser, à me laisser envahir par les images qui me viennent en voyant un objet, une photo; je permets à ces images de se faufiler là où elles veulent, de prendre l'ampleur qui leur sied sur mon écran intérieur, de se transformer parfois, sans hâte, sans rien forcer.
Ou bien -et en général c'est tout ça à la fois- je regarde un ou deux films qui m'emportent très loin.
Oublier en tout cas le quotidien et les choses ordinaires!
Juste être!
J'ai enfin (!) compris et accepté que me sont nécessaires ces journées à "ne rien faire".
Des jours seulement pour moi.
Je sais que si je résiste, si je n'écoute pas la voix intérieure qui me dit "stop !" , stop avec les activités productives, stop avec le monde extérieur, stop avec tout ce qui est raisonnable, pratique, efficace, donc si je ne l'écoute pas, tout ça m'étouffe, me rend très triste et au final improductive, je ne peux plus ensuite faire les choses correctement.
Il est vrai que j'ai fini par aménager mon existence de telle façon que cela est devenu possible.
En fait je prends tout simplement du recul, du recul avec la vie telle qu'on est sensé la vivre mais qui ne m'intéresse que très moyennement, car elle ne correspond pas avec ce qui vit intensément au fond de moi.
Ces jours, il m'en faut au moins un par semaine, plus quelques heures glanées ici ou là le reste du temps. Ensuite seulement, je peux vaquer à tout le reste sereinement, et m'y sentir plutôt bien, à ma place, bien réagir et être inspirée...car l'inspiration naît dans ces heures privilégiées, et la joie, la satisfaction d'être là et pas ailleurs...dans cette vie-ci et pas une autre...