Le Curieux Petit Lieu

Hier, premier vide-grenier de la saison, dans une bise glacée! mais je n'ai pas regretté car j'ai découvert une chose dont la singularité m'a ravie.
Comme tous les objets symboliques destinés à évoquer une certaine ferveur, il m'intrigue, attise ma curiosité et enflamme mon enthousiasme. Encore de la fascination.

C'est une couronne de mariée qui a perdu son globe ( elle devrait s'entendre avec mes globes qui ont perdu leur couronne...) et qui est vraiment défraichie, il faut bien le reconnaitre.
Mais avec son velours fané, ses roses de porcelaine, ses rubans de soie, son petit miroir ovale, le carton recouvert de plumes blanches (dans le bas), la construction de l'ensemble a quelque-chose de pas commun, je n'en ai jamais vu de tel en tout cas.

Je pourrais remplacer la couronne brunie par une plus jolie que j'ai, mais je pense que je vais laisser le tout ainsi. Je me demande qui réalisait ces choses...le savez-vous? avez-vous connu des personnes qui le faisaient ou qui avaient connu des gens qui...?

Vers 13h45, tandis que je me dirigeais d'un pas assuré vers ma table de travail dans l'intention de coudre des nouvelles choses à l'intention de l'Autre curieux, un appel de détresse m'a stoppée net. C'était l'alaucasia!
Je me suis approchée très près de lui et il m'a aussitôt montré le dessous d'une de ses feuilles: encore? hélas...
...une colonie de cochenilles farineuses s'était de nouveau installée, avec cabanes, dépendances, toilettes et nursery!!!

( pour les incultes qui ne sauraient pas ce qu'est une cochenille farineuse, il s'agit d'un genre de ravissante punaise d' environ 5 millimètres de long qui se serait roulée dans la farine jusqu'aux antennes, ce qui lui donne l'aspect d'un petit tas de poussière, fin et anodin. Mais si l'on prend une loupe, oui je l'ai fait, on découvre avec stupéfaction, étonnement, puis une horreur teintée d'admiration pour les originalités de la nature, que ce sont des petites bêtes finalement très délicates, il faut l'avouer, vautrées dans les replis des feuilles).

Mais j'ai déjà zigouillé il y a quelques semaines ( ou cru le faire!) une première famille, alors je les connais, et ne me suis pas laissée attendrir; j'ai joué l'exterminatrice sans pitié. Pire qu'une invasion monghole à l'époque de Gengis Khan, mon intervention a été impitoyable.
Bon, si ça se trouve il faudra recommencer sous peu, je vais surveiller de près, mais j'ai bien entendu le soupir de soulagement de l'alaucasia, ce qui est quand même bon signe. Du coup, j'en ai profité pour jardiner un peu auprès des autres plantes, et voilà, une heure et demie plus tard, je n'ai pas fait un point de couture.

Parfois à cette époque de l'année, je m'immerge dans les guides plus ou moins touristiques d'un pays particulier, histoire d'abréger l'hiver et de voyager en chambre. Je lis et regarde tout ce que je peux trouver et il m'est arrivé de le faire tellement à fond que j'avais en quelques semaines -presque - l'impression d'y être allée vraiment.
Cette fois je voyage non seulement géographiquement, mais aussi dans le temps...
Depuis plusieurs jours la Chine sous les Song m'entraine dans son histoire.
Chargée de concevoir des costumes de cette époque, j'ai fouiné dans les livres et suis tombée dans la marmite! Je ne connaissais rien à l'histoire de la Chine... ça se révèle passionnant et vertigineux. Je suis si fascinée et, d'une certaine manière inexplicable, si...proche de cet univers que je suis sûre d'avoir vécu plusieurs vies ( pas forcément rigolotes) par là-bas.
Bien sûr je fais mes petits dessins, mais parallèlement je disparais dans la foule des villes chinoises du XIIIème siècle, me glisse discrètement dans les maisons de bois, emprunte avec inquiétude les ponts suspendus au-dessus des flots de larges rivières encaissées...et mille choses incroyables que je n'aurais jamais imaginées il y a deux semaines seulement! que de merveilles à découvrir encore...pardonnez mes absences silencieuses, je voyage au grenier, là, tout près.

Il y a une dizaine de jours, j'étais invitée au défilé de l'Afic, un atelier d'insertion qu'encadre Laurence, une amie styliste. Comme d'habitude, c'était magnifique et émouvant, comme d'habitude je n'ai pas réussi à prendre une seule photo digne de ce nom ( sinon je vous aurais montré aussitôt).
J'y ai retrouvé Leslie, la fille de Laurence, que j'avais rencontrée lorsque j'avais la boutique. Leslie est maintenant lycéenne, et a développé son aptitude à s'habiller selon un style bien à elle. Ce soir-là -c'était pendant la semaine du carnaval- elle était costumée en pirate, c'était superbe, et j'ai eu une idée: la photographier régulièrement dans ses tenues quotidiennes. Il me semble que même les jeunes ont tendance à être habillés d'une façon très conventionnelle, et Leslie a une fantaisie, une liberté qui me plaisent, et me rassurent: l'imagination existe encore, et l'insouciance dont je vous parlais il y a peu.
Cet après-midi nous avions rendez-vous chez elle, pour une première séance de photos pas du tout préparée, pardonnez mon manque de technique...je promets de faire de grands efforts!   

jupe froncée en vichy,  corset noir,  veste offerte par sa grand-mère, collants dentelle, DocMartens argent.

short en jean, tee-shirts superposés, foulard de tulle, collants violets , bottes en caoutchouc imprimées.

cadeau d'un ami, une petite grue en papier plié; Leslie l'a vernie et accrochée à un trombone, ça fait une boucle d'oreille pleine de poésie!

look violet et rose avec 2 accessoires: un pendentif tête de poupée et un bandeau lunettes de glacier.

dommage c'est flou, les lunettes sont très belles.

Merci Leslie de m'avoir accueillie dans ton univers frais et joyeux, à bientôt pour d'autres looks...

J'aime énormément les anciens tissus à fond noir, j'en trouve très peu, j'en ai un en tout petit morceau.

Je rêve de découvrir des "ramoneurs", ou des "bonnes herbes", ces cotons imprimés  dans l'Est qui avaient beaucoup de succès parce qu'ils, entre autres, n'étaient pas salissants. Je crois aussi qu'ils correspondaient à une envie d'imprimés d'un style plus naturel, moins guindé que ce qui se faisait généralement à l'époque  (18ème ). Il faudrait peut-être que j'aille me promener un peu par là...dans l'Est je veux dire.

C'était le "concurrent" de David; j'ai lu qu'il disait quelque-chose du style "la vie est difficile, il faut peindre de la douceur"; ça me convient tout-à-fait.
C'est vrai que parfois ses peintures sont un peu doucereuses, mais il dessinait si bien!

Prud'hon, 1758-1823

"Vénus et l'Amour"
"La fortune"
"Psyché enlevée par les zéphirs"

dans "Prud'hon ou le rêve du bonheur", Beaux-Arts magazine, Hors-série

Il n'y a pas (trop) de poussière, pas du tout d'araignée ni de toile d'araignée, ça je pourrais pas quand même, mais sinon ma chambre est un grenier.

Pour trainer un dimanche matin, y lire jusqu'à pas d'heure - j'ai fini "De toutes les couleurs" d'Angela Huth, un auteur conseillé par Sylcha, de ce genre d'auteurs dont je devrais me méfier parce que quand je commence  je ne peux plus m'arrêter de lire ...

Au début de l'année je vous avais fait part des cogitations intenses qui remuaient mon cerveau..., et des choses qui voulaient changer...je ne savais pas trop comment ça allait évoluer. Et puis voilà, Marguerite est partie!
Cela faisait un moment qu'elle souhaitait aller vivre, au soleil, des aventures qui lui appartiennent...Elle nous enverra des cartes postales sans doute...
Elle m'a tout laissé et du coup, j'ai créé un nouveau blog; il y aura un peu de remue-ménage sans doute, le temps de tout réorganiser, et ça me plait beaucoup.
Donc depuis quelques jours L'autre curieux est apparu, j'y posterai uniquement ce qui se rapporte à mes créations et peut-être les-y vendrai-je régulièrement . J'ai l'intention de réaliser une belle bannière digne de ce nom, mais vu qu'ici je la voulais aussi et que je ne l'ai jamais réussie, je serai aidée par un ami qui sait faire.

J'ai passé un temps fou à essayer plein de couleurs pour ce blog, j'avais envie de tout ou presque, j'ai voulu une mise en page différente de celle qu'on peut y voir mais les coulisses de canalblog recèlent encore pour moi des secrets et des mystères...alors attendez-vous à ce que ça change parfois sans prévenir, au gré des découvertes techniques que je ferai!

Le curieux petit lieu, l'ancêtre, restera l'endroit de tous les jours, des découvertes, des émerveillements, des réflexions.
Et je suis heureuse que cela ait finalement pris cette tournure.

Marie Alster aussi m'a fait suivre un jeu, celui de chercher dans Mes Images la photo n°10  et de la poster.
J'ai été un moment surprise par ce que j'ai trouvé, qui est somme toute très récent, puis je me suis souvenue qu'avec Eugène mon fiston nous avions fait le ménage quelques jours auparavant...alors voici ce que ça donne...

c'est un pauvre ange perdu, de ceux dont Clothogancho a lancé la recherche ici, et que j'avais réalisé avec passion dans de vieux bouts de tissus.

Pour la suite, si La princesse au petit pois, Catoumi et Kandra n'ont pas déjà reçu ce tag - qui circule vite en ce moment...- et si elles en ont envie...

Il y a pas mal de semaines déjà (!), Clarélis m'a proposé un tag, et comme promis j'ai réfléchi intensément...je me sentais un peu dépassée par l'ampleur du challenge, mais j'avais aussi envie de le faire, alors, comme je ne peux pas m'empêcher de tout transformer à ma sauce...voici le résultat: Chère Clarélis, j'ai customisé ton tag!

Cela donne...3 mots et 3 liens!

insouciance
c'est souvent catalogué dans les défauts, les mauvaises choses...vous vous en doutez, si je la pose ici c'est que je la considère avec respect! c'est même sous le signe de l'insouciance que j'ai placé cette année; sous le gui le 31 décembre je faisais part de cette décision à un couple d'amis. Enthousiastes, ils m'ont raconté leurs dernières vacances, où délibérément ils avaient mis de côté tous les soucis et préoccupations pour se sentir comme des enfants...l'insouciance...attention, ne pas confondre avec inconscience; être insouciant pour moi c'est avoir une vision plus globale des choses, et s'octroyer le luxe de ne plus être touchés par elles. Il va sans dire que l'insouciance ne supporte pas les faux-semblants, et qu'elle ne peut naître qu'enracinée dans la confiance...

persévérance
j'ai constaté au fil des années la force de la persévérance. Je l'ai d'abord confondue avec l'obstination, puis  peu à peu j'ai appris à sentir la différence, mais comment l'expliquer...c'est peut-être le coeur, l'intuition, qui sait là où il est bon de persévérer.

légèreté
quand les passions s' apaisent, quand le coeur  fait le tri, quand on décide de laisser filer ce qui veut disparaître, qu'on accepte avec sérénité ce qui vient, la légèreté pointe son museau curieux! il va sans dire que la légèreté ne supporte pas les faux-semblants, et qu'elle ne peut naître qu'enracinée dans la confiance...

D'ailleurs, la confiance ah non, c'est vrai, j'ai dit 3 mots seulement!

Je dépose maintenant la proposition chez

Les créas de Nine
Clothogancho
Des mots rien que des mots

( illustration: "jardin" cousu machine, méthode folle!)